4000 ans d'astronomie chinoise. Les officiers célestes,

de Jean-Marc Bonnet-Bidaud [2017]

4000 ans d'astronomie chinoise. Les officiers célestes, de Jean-Marc Bonnet-Bidaud,

Paris, Éditions Belin, Coll. « Bibliothèque scientifique »

2017, 192 p., Format : 245 x 185 mm

 

Même si ce n'est pas son propos, cet ouvrage est le bienvenu car il met à mal la célèbre croyance, profondément ancrée dans la psyché occidentale, selon laquelle la Grèce antique serait la patrie par excellence de la raison, de la science, de la connaissance, et que hors d'Athènes et de ses cités sœurs, le reste des mondes anciens seraient la proie des mythes, des légendes, des fables. Ce discours trahit un profond dualisme qui sépare et oppose le logos et le mythos. En réalité, s'il y a bien eu un « génie grec », il ne faudrait pas oublier les « miracles » égyptiens, babyloniens, indiens ou chinois. Et justement, Jean-Marc Bonnet-Bidaud nous propose une magnifique exploration de l'astronomie de l'Empire du milieu, dans un ouvrage qui offre au plaisir de l’œil de nombreuses reproductions du ciel pensé et vécu par les savants chinois. Astrophysicien au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), l'auteur est un passionné d'histoire des sciences. Outre la Chine, l'Afrique est une autre contrée qu'il a étudié, du point de vue des conceptions astronomiques. Dans 4000 ans d'astronomie chinoise, nous allons de révélation en révélation, apprenant par exemple que la constitution des premiers observatoires dans le monde est redevable de cette civilisation, de même que des découvertes aussi essentielles en cosmologie, comme l'observation des taches solaires, le calcul des trajectoires des comètes, les explosions d'étoiles.L'astronomie chinoise ancienne n'était pas un savoir périphérique dans la culture impériale, et, dès le début (aux environs du XXe siècle avant notre ère), elle se pose comme une science au cœur de l’État, mais aussi au cœur des philosophies, des doctrines spirituelles. On ne dira jamais assez que, du Yixing (le Livre des Mutations) jusqu'au Tao, la pensée chinoise est une pensée cosmologique, y compris (et même surtout !) si elle se veut politique. L'auteur, qui connaît bien le pays, et qui y a séjourné pour son travail de recherche, écrit ainsi : « De l'époque reculée des Xia, datent probablement les premiers concepts cosmologiques qui placent les royaumes terrestres en correspondance directe avec le Ciel et désignent le souverain comme intermédiaire entre la terre et le Ciel. Le souverain détient un « mandat céleste » qui le rend responsable du maintien de l'harmonie entre les empires terrestre et céleste. Cette préoccupation politique est à la base de la civilisation astronomique qui s'est développé en Chine sur plus de quarante siècles. » (p. 13)